Souvenir lié à un arbre…

Des arbres, j’en ai embrassé beaucoup au hasard de mes promenades… Je suis en amour avec eux !! Je les respecte profondément….ils m’émeuvent, m’impressionnent…ils m’interrogent, me questionnent sur ma propre existence et sur la Vie en général.
Parmi toutes ces merveilleuses rencontres…j’ai choisi d’évoquer aujourd’hui un hêtre remarquable croisé dans la forêt magique de Savernake au Sud de l’Angleterre. Magnifique ! Imposant ! …et incroyablement accueillant ! Ses énormes racines ruisselaient autour de lui telles des lianes et formaient un réseau de petits berceaux nous invitant à venir nous lover en leurs creux offerts comme autant de doux refuges. Je me souviens encore jusqu’au profond de mes cellules de cet accueil réconfortant, presque maternel …comme un cadeau proposé sans rien demandé en retour.
Oh merci ! Merci frères arbres d’être là pour nous, pauvres humains errants en perte de racines. Votre ancrage nous rassure …vos cimaises nous guident …et les stigmates des saisons qui vous traversent nous enseignent encore et encore les cycles de la Vie.

Bernadette

Mon Automne monotone

Sursaut de luminosité : jaune, mordoré, violine ;
Glands – courges – figues
Astères – Colchiques – safrans
Vendanges : Vignes rougissantes, vignes flamboyantes, vignes exténuées
L’or du soleil – L’or des feuilles – L’orée du bois
Nuit soudaine – Temps suspendu avant l’hiver – L’antichambre du sommeil
Se vêtir à nouveau -pieds emprisonnés
Peau vêtue – Peau cachée – Peau recouverte : pas de peau
Clic de l’interrupteur – sieste suspendue

Cerise B.

Si j’étais un arbre dans ton jardin :

Je serais, tu l’as deviné, un figuier puisque je sais que c’est l’arbre dont tu apprécies particulièrement la beauté des feuilles, ensuite, l’odeur enivrante qu’il dégage, parfum particulièrement subtil et puis, bien évidemment ses fruits incomparables :  » La figue longue noire de Caromb »
J’imagine les longs après-midi que tu passerais à refaire le monde et à méditer sous mes ailes protectrices laissant passer discrètement juste ce qu’il faut des rayons du soleil ; tout ce bonheur que je pourrais t’apporter, tu ne peux imaginer ce qu’il m’apporterait d’abord à moi !

Fleur Bleue

Lettre à mes vieilles branches

Papa, maman
Je n’irai pas par quatre chemins, ni par mille détours. Je vous informe que j’ai pris ma décision, je vais prochainement quitter le nid. N’en prenez surtout pas ombrage mais, à mon âge, je pense n’avoir plus besoin de vous et être capable de me débrouiller seul.
Depuis que je suis tout petit, vous m’avez nourri de votre sève. Pour moi, chers et merveilleux parents, vous avez cueilli les plus belles roses dont vous avez toujours pris soin d’ôter les épines.
Papa, maman, vous m’avez aidé à franchir tous les obstacles qui se présentaient devant moi, à grimper bien au-delà de ce à quoi, seul, je n’aurais jamais espéré avoir l’accès.
Aussi, il est temps – même si, bien entendu, je serai toujours très proche de vous – oui, il est temps pour moi de quitter le cocon familial et, à bientôt 71 ans quand même, de m’installer seul dans le petit cabanon au fond du jardin.
Bien à vous, mes chers parents.
Votre petit Léon.

Jean-Luc

Le bonheur de marcher parmi les oliviers, un matin d´été…..choisir un bel arbre au tronc sombre, tourmenté, torsadé, aux fortes racines apparentes. L’enserrer dans ses bras. S’approprier sa force et sa beauté.S’identifier à son enracinement. Ressentir sous la plante des pieds cette attirance de l’Ancrage à la terre. Union intime et profonde. Fermer les yeux, respirer cette plénitude. Faire corps avec lui. Savourer le plaisir de partager cette jouissance intime de l’instant présent. Rouvrir les yeux, regarder intensément ce foisonnement de feuilles argentées qui vibrent sous la caresse d’une douce brise.
La quintessence de la vie est là, nichée dans ce plaisir intense et subtile, simple et voluptueuse.

Joëlle Tetier

Il est là
Si loin si proche
Adossé au couchant
Majestueux en sa rondeur touffue
Il veille du haut de sa verte colline
Seigneur et gardien de la vaste plaine
Il m’intrigue
M’attire,
M’apaise
Je ne sais pas encore le nommer

C’est la fin du printemps
Le temps … immobile
Le ciel… si bleu, si pur
Tout n’est que silence
Les oiseaux semblent endormis
Juste le frémissement d’un papillon
Complicité du lépidoptère

Je suis là
Hors du temps
Sur l’autre rive des collines
Si loin…Si près
Le regard ébloui
Coupée du monde,
Juste Lui et moi
La distance qui nous sépare semble abolie,
Une singulière intimité
Nous unit
Tilleul, mon ami.

Nicole Vignote

Lettre à ma vieille branche

Vieille Branche,

Me voici déraciné, sans sève.
Tu aurais pu me prévenir que tu allais grimper dans les tours ! Franchement, c’était vraiment utile une bourrasque pareille ? Un vrai nid de guêpes !
Prendre ombrage d’une remarque aussi anodine…
En résumé, j’en ai pris plein la pomme pour pas un rond !
Bon.
Calmons-nous.
Inspirons-nous plutôt de la saison automnale qui incite au recueillement et à la récolte des fruits de l’amitié.

Signé : Fructidor.

Sophie Boucher-Zilber

                                                                     —

Le Cèdre

Le cèdre de la Baraudière. Cèdre bicentenaire.
L’arbre généalogique de ma famille.

Des générations et des générations d’enfants, de visiteurs.
Des déjeuners, des jeux de ronde.
Des parties de pêche, de cache-cache.
Des scènes d’amour, des scènes de basse-cour.
Des baisers doux, des mots jaloux.
Des regards indifférents, des regards reconnaissants.

C’est mon ancêtre qui l’a planté – là – auprès de cette mare, tout efflanqué.
De saisons en saisons, années après années, le frêle cèdre a prit racine pour devenir de vigoureuses épines.

Un arbre bicentenaire ? Qui l’eût cru ? Lui, si chétif…devenu l’objet des contemplations.

Pas un arbre ne lui a survécu. Pas une fleur, pas un buisson, lui, qui nous enterrera tous !

Camille

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Si j’étais un arbre dans ton jardin…

Si j’étais un arbre dans ton jardin, j’aimerais être un saule pleureur.
Cet arbre, je voudrais que tu le plantes à côté d’une mare, avec le croassement des grenouilles, croassement de tes mots doux, tendres, colorés. Et avec les nénuphars, la grandeur de leurs feuilles et de leurs fleurs qui me rappellera ton optimisme, toi le gai luron.
Pourquoi, me demanderas tu, le saule pleureur ?!
Je vois dans ses longues branches tombantes comme des lianes, l’attachement, ton attachement mais aussi cette force que je puise en toi pour m’élever encore plus haut vers le ciel.
Je désirerais que tu t’allonges sous mes branches, dans mon ombre, contemplatif. Tu me confierais les petites choses de ta vie, tes joies, tes désirs, tes choix, tes attentes, tes doutes. Je serais ta muse, ta racine, ton ancrage.
Mon tronc suffisamment épais pour que tu l’entoures, tu lui susurrerais ton amour, notre amour, mais aussi tu lui transmettrais protection, bienveillance, confiance en notre avenir. Tu t’imprégnerais de l’odeur de mon écorce, jamais la même en fonction des saisons. Je m’imagine enveloppée dans cet halo de paix.
À deux, nous nous épaulerons. Ni le gel ni la sécheresse ne vaincront nos forces unies.
JE SERAIS TON ARBRE DE VIE .

Monique

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Entre ses mains, l’arbre devient

Douce odeur de l’essence du bois. Senteur parfois vive qui emplit la maison, le bruit des machines, le soleil du matin…
Papa travaille à l’atelier. Il coupe, scie, rabote, assemble… les copeaux jonchent le sol, la chienne s’y couche et se retrouve bientôt ensevelit sous une montagne de sciure parfumée. Seuls son museau et ses oreilles dépassent !
Je m’assoie sur la première marche de l’escalier qui descend dans l’antre du menuisier. Je me laisse bercer par ce spectacle familier. Je suis bien…
Petit à petit, l’œuvre prend forme… un buffet, une table, une armoire? … en chêne? en noyer? en pin peut-être ? à moins que ce ne soit du frêne? liberté de choix pour l’ébéniste créateur.
Cet arbre splendide qui aura pris son temps pour grandir, s’embellir, se fortifier. Ce tronc qui généreusement donnera un jour matière à faire du beau entre les mains en or d’un homme tout aussi brillant !
Entre ses doigts, l’arbre se transforme et devient éternel !

D.C.